samedi, avril 29, 2006

Nuggets Golden State.

1964. Au sud de la baie de San Francisco, la ville de San Jose est en pleine ébullition. Alors que la Surf Music explose depuis quelques années, une scène alternative rock Garage est en train de prendre forme, avec à sa tête le groupe THE COUNT FIVE.


C'est donc à San Jose que Roy Chaney (basse) et John Michalski (guitare lead) se rencontrent. Ils y habitent la même rue et commencent à faire de la musique ensemble, reprenant les hits Surf Music de Johnny & The Renegades, The Hurricanes ou Johnny & The GTOs. Peu de temps après, ils croisent le chemin de Ken Ellner (chanteur et percussionniste) à la Pioneer High School, recrutent un batteur et nomment le groupe The Squires.
Après quelques concerts, où ils partagent l'affiche avec Syndicate Of Sound, The Trolls ou The Backbeats, leur rencontre avec un certain John Byrne marquera un tournant décisif dans l'histoire du groupe. Ayant quitté Dublin suite à la mort tragique de sa mère, ce jeune irlandais s'installe à San Jose chez son grand frère pour commencer une nouvelle vie. Il leur fera découvrir les Kinks, les Yardbirds et certains groupes plus obscurs, comme The Mojos ou Merseybeats. THE COUNT FIVE est né.


Très vite, Count Five se construisent une solide réputation dans la région, grâce notamment à de bonnes performances live et sans doute aussi au charme briton et touchant du chanteur guitariste John Byrne. Comme beaucoup d'autres groupes de l'époque, les Count Five sont influencés par The Who (dont ils reprendront l'hymne "My Generation" sur leur album), mais aussi et surtout par les Yardbirds. Plus précisément par le morceau "I'm A Man", qui a la particularité d'intégrer aux mélodies de guitares géniales et saturées de Jimmy Page un son d'harmonica lui donnant une dimension incroyable. C'est précisément cela que le groupe va travailler, Kenn Ellner développant son propre style à l'harmonica et devenant pratiquement la seconde voix après le chanteur. C'est dans l'ambiance euphorique de leurs sessions de répétition que Count Five composeront leur tube et meilleur morceau, "Psychotic Reaction".

Nous sommes au printemps 1966 et le groupe a déjà composé plusieurs chansons, qu'ils proposent à des maisons de disques. C'est avec le label Double Shot (initialement connu sous le nom de Sure Shot) qu'ils signeront un contrat pour une poignée de maxis et un album. La toute première version du single "Psychotic Reaction" dérange la maison de disques et les producteurs exigent plusieurs réenregistrements. Le morceau va ainsi connaître une dizaine de formes différentes. "La fin du morceau surprendra trop l'auditeur" concluent les producteurs. Ces derniers vont donc demander à l'ingénieur du son de faire un montage consistant à copier une section instrumentale du milieu du morceau pour la coller à la fin et terminer la chanson en fade-out. Ils suggèrent aussi à John Byrne de rajouter le gimmick "and it feels like this!" pour faire la transition entre les deux parties. Le tour est joué. La chanson est désormais en format single et peut être diffusée à la radio.


Le succès est immédiat. "Psychotic Reaction" tourne sur toutes les radios californiennes, entre dans les charts et va même s'installer à la première place pendant deux semaines, s'offrant le luxe de devancer les Rolling Stones, les Beatles, les Kinks, les Supremes ou autres Beach Boys. Rien d'étonnant quand on considère la qualité exceptionnelle de ce morceau survolté, condensé de rock/blues défoncé, transpercé par une bataille harmonica/guitare étourdissante. Le talent de l'ingénieur du son Hal Winn y est également pour beaucoup. Favorisant la section rythmique, il lui donne un son brut avec beaucoup de dynamique, traite les guitares et l'harmonica en laissant une légère saturation et donne à la voix de Byrne un son à la fois robuste et boisé.

Malgré leur succès, tous les membres du groupe continuent de suivre des cours à l'université et ne peuvent jouer que le week-end. En août 1966, ils font la première partie de grands groupes comme The Animals ou leurs maîtres, les Yardbirds. Mais le son étrange de "Psychotic Reaction" va aussi les amener à jouer avec des groupes expérimentaux comme The Mothers ou West Coast Pop Art Experimental Band. Les Count Five partageront même la scène avec Them et les Doors à Santa Barbara. Une soirée mémorable, où Van Morisson passera la nuit à discuter avec John Byrne, tous les deux étant originaires de Dublin, jusqu'à ce que Jim Morrison débarque dans les loges et déclare à Byrne, en lui serrant la main, qu'il est très heureux de le rencontrer, se déclarant fan absolu de "Psychotic Reaction".

Deux singles et quelques mois plus tard, l'album "Psychotic Reaction" sortira, sans atteindre le succès escompté par Double Shot Records. Le groupe, lui, s'en fout. Mais la pression du label commence à se faire sentir, alimentant quelques tensions entre ses membres. Nous sommes en 1968 et les Count Five en ont déjà marre. Roy et Michalski donnent leur démission, mais continuent d'assurer les concerts pendant encore un an. Le groupe se dissout définitivement en 1969.

Voici la version non éditée de "Psychotic Reaction", qui n'était jamais sortie jusqu'à la réédition de l'album en 2003 :
Count Five - Psychotic Reaction

jeudi, avril 27, 2006

Wild Wild Monks.

Quoi de plus naturel que de consacrer ce premier post au groupe qui a inspiré le nom de notre blog : THE MONKS.



Hmm, oui. En même temps, commencer avec The Monks c'est placer la barre très haut. J'ai beau essayer de trouver un équivalent actuel au groupe, en musique, cinéma, politique ou littérature, je ne trouve pas... Et puis de toute façon toute comparaison serait débile, donc allons droit au but :
C'est l'histoire de cinq jeunes américains exilés en Allemagne le temps de leur service militaire, et qui ne font pas dans la dentelle. Les Monks ne croient en rien. Les Monks pensent que tout est possible. Les Monks donnent tout. Les Monks exigent tout. Rarement un groupe aura été aussi loin, que ce soit musicalement, dans les textes, dans l'attitude ou dans l'apparence. Violents, furieux, dérangeants, mystérieux, sauvages, fous... À croire que c'est l'armée qui les a rendus comme ça.

En 1963, avant la naissance de The Monks, il y a The Torquays, leur premier groupe. Mais une fois leur service militaire terminé, ils rebaptisent leur groupe, rasent le haut de leur crâne, enfilent des soutanes et donnent leurs premiers concerts à Hamburg, où ils déclenchent à chaque fois de sévères bastons dans une hystérie collective.



Pour l'époque, c'est du jamais vu. Nous sommes en 1966 et Les Monks laissent perplexes bon nombre des spectateurs venus assiter à leurs concerts. Ca cogne fort et dans tous les sens, ça sature, ça hurle des insanités, ça joue du banjo électrique, ça prend du speed, ça boit beaucoup d'alcool (fort). Ce qui n'empêchera pas la maison de disques Polydor de sortir leur premier et unique album : Black Monk Time

L'édition originale comporte 12 morceaux, tous plus fous les uns que les autres, avec pour thèmes la guerre, la mort, la haine, les filles et l'alcool. Les Monks insultent tout le monde, s'acharnant au passage sur le phénomène Hippie. Il n'y a aucune limite. Et il faut croire que Polydor n'en avait pas non plus, pour oser sortir un tel album en pleine ère pop.

Le groupe participe à plusieurs émissions de TV Allemandes, comme "Beat Up". Ils font une tournée dans tous le pays en première partie de The Easybeats et ils atteignent le statut de gloire locale à Hamburg. Malgré ce succès d'estime, les ventes de l'album sont catastrophiques et Black Monk Time ne rentre même pas dans les Charts.


À la fin de l'année 1966, après la parution de leur premier maxi "Complication" et de leur album "Black Monk Time", le groupe sort le single "Love Can Tame The Wild/He Went Down To The Sea". Très étrangement, ce disque contient deux ballades insipides et sans personnalité. Les Monks y sont musicalement méconnaissables. Peu de temps après la sortie de ce dernier single, les membres du groupe rentrent aux Etats-Unis sans laisser de traces ni donner de nouvelles à leur maison de disques. Les Monks se reformeront ponctuellement entre 1990 et 1992.

The Monks - Boys are Boys and Girls are Choice

lundi, avril 24, 2006

My Generation.

Allons bon, un nouveau Blog sur le marché...
Certes. Mais WeDoWieDu n'est pas le blog de votre voisine Geneviève qui va publier les photos de sa petite fille lors du barbecue organisé dimanche dernier par Patrick (un ami de la famille), ou narrer avec talent sa merveilleuse partie de bridge en glissant au passage sa fameuse recette pour le gratin de courgettes.



Non, WeDoWieDu est un blog consacré à la musique et tout spécialement au Garage (Rock et Punk) des années 50/60, ainsi qu'à quelques artistes atypiques pré-années 80. De la manière la plus humble, nous tenterons de vous faire découvrir (ou redécouvrir) les groupes emblématiques, et d'autres moins connus, de cette scène restée dans sa grande majorité très underground.

Au milieu des années 60, le Garage (qu'on appelait ainsi car la plupart des groupes se réunissaient dans un garage pour répéter, ce qui donnait à leurs enregistrements un son particulièrement brut et primitif) s'est déjà répandu dans le monde entier. Des centaines de groupes se forment et sortent des disques chaque semaine. Des scènes très spécifiques se développent ainsi au Texas, en Louisiane, en Floride, sur la côte Nord-Ouest des États-Unis, en Angleterre, en Allemagne, ou même en Australie.
Malheureusement, le Garage sous cette forme (originelle) ne passera pas le cap des années 70, tant l'arrivée du psychédélisme éclipsera tous les genres jusqu'à l'avènement du Punk en 1976, mais il aura une influence énorme sur toute une génération. Hier encore, le "grunge" et l'apparition spontanée de nombreux petits groupes aujourd'hui, nous prouvent que la spontanéité et l'énergie du 60's Garage continue de faire des émules.